Meurtre dans un jardin anglais

Si vous souhaitez une enquête à la Agatha Christie… du style «Qui a tué qui et pourquoi ?», mieux vaut oublier ce film ! Mais si vous aimez vous laisser emporter par votre sensibilité et votre imagination, ce «Jardin anglais» est dessiné pour vous ! Les statues y sont vivantes et facétieuses, les indices d’un (double ?) crime complètement ésotériques et la logique des personnages un peu martienne… Mais le film de Peter Greenaway est tout simplement passionnant d’intelligence, de raffinement, de beauté et de talent. Réalisé avec l’aide du British Film Institute (la Cinémathèque anglaise), «Meurtre dans un jardin anglais» se ressent comme une atmosphère d’images, de mots, de musique et de rapports dramatiques entre les personnages.Meurtre dans un jardin anglais Un dessinateur-paysagiste, Mr Neville, est très demandé par l’aristocratie et la bourgeoisie fortunées anglaises du XVIIème siècle pour «immortaliser» leur propriétaire, terres et château. En l’absence de son mari, à qui elle veut — soit disant — faire une surprise, Mrs Herbert demande ce travail à Mr Neville qui se fait désirer et finit par accepter à condition qu’un contrat draconien soit établi entre lui et son employeuse. Mr Neville, personnage hautain et autoritaire, paralyse les endroits de la propriété qu’il dessine selon un horaire quasi militaire. Et il exige par contrat que Mrs Herbert s’offre à lui quotidiennement. Mais, très vite, des objets insolites apparaissent dans les paysages immaculés qu’il est en train de dessiner. Et ces objets ressemblent à autant d’indices menant vers un crime mystérieux. Qui a été tué ? Mr Herbert ?… Ou qui sera tué ? Qui a tué ? Et qui tuera ? Le jeu de piste de Peter Greenaway fascine parce qu’il possède une élégance décadente (qui s’exprime dans les abondants dialogues de ce petit monde en perruque), une harmonie de couleurs (le vert des jardins et l’ocre des intérieurs) et de musique (on pense à l’exubérance de Purcell). Ce jeu de manipulation, où les apparences sont trompeuses, est à la fois un anti «Barry Linon», par l’évidente simplicité de l’œuvre… Mais c’est aussi un petit frère, pas du tout indigne, du chef-d’œuvre de Stanley Kubrick.

Leave a Reply

free blog themes